Heavy Rain – Quand la pluie est mortelle…

Deuxième critique du jour, et elle n’est pas facile, puisqu’il s’agit du jeu Heavy Rain. Ou bien devrait-on parler de film interactif ?

Heavy Rain, développé par Quantic Dream (studio français, à qui l’on doit The Nomad Soul entre autres) et sorti en 2010 sur PS3, est ce que l’on peux appeler un ovni dans le paysage du jeux vidéo. Plutôt que d’avoir une liberté totale, ou en tout cas proche des autres jeux, on est ici spectateur et acteur d’une histoire sordide, à base de QTE (Quick Time Events). Le jeu est utilisable avec une Dualshock 3, ou bien un PlayStation Move, cette critique est basée sur la première solution.

Le jeu vous met tour à tour dans la peau de quatre personnages. D’abord Ethan Mars, marié et père de deux enfants. Scott Shelby, détective privé, ancien flic et asmathique. Norman Jayden, agent du FBI accro à la triptocaïne et aux allures de Fox Mulder équipé de lunettes high-tech pour enquêter. Et enfin, Madison Paige, journaliste en quête d’un scoop et un peu trop fouineuse, et garçon manqué. L’histoire commence par un tutoriel plutôt bien mis en scène. On commence dans la vie quotidienne d’Ethan Mars, le jour de l’anniversaire de Jason, un de ses fils. On y découvre les bases du jeu, à base d’action contextuelles. Un peu déroutant, mais agréable et on se laisse facilement porter. Malheureusement le calme est de courte durée, et lors d’une sortie au « Mall », Jason trouve la mort percuté par une voiture, et Ethan tombe dans le coma en essayant de l’écarter de la trajectoire du véhicule. Tragique, et surtout bien mis en scène. On se croirais vraiment dans un film, mais on touche peu la manette.

Bande annonce de Heavy Rain

Le jeu commence vraiment deux ans plus tard. Un tueur d’enfants sévit en ville. Il se fait appeler le tueur aux origamis. Des enfants sont enlevés, trouvés morts quelques jours plus tard, avec un origami dans la main, et une orchidée sur le torse. Morts noyés par de l’eau de pluie… Le sort s’acharnant sur la famille Mars, déjà décomposée par le divorce, suite au premier incident, Shaun le deuxième fils est enlevé. Ethan reçoit alors une boite à chaussures contenant un téléphone diffusant une vidéo de Shaun dans un égout, ainsi que cinq origamis, représentant des épreuves pour le retrouver… On alterne tout à tour les quatre personnages dans cette sombre histoire, chacun avec ses problèmes, ses espoirs, et un seul et unique but, retrouver Shaun !

Ce qui frappe en premier avec ce jeu, c’est ses graphismes : rarement on aura vu un jeu aussi beau, aussi réaliste en ce qui concerne ses personnages. Le niveau de détail des textures est hallucinant, on peux voir le grain de la peau, admirer l’iris des yeux, compter les cheveux. Un réalisme qui remet en cause certains films d’animation récents (Tintin je parle de toi) qui sont manifestement étranges visuellement. Ce n’est pas le cas ici. La PlayStation 3 est exploitée de bien belle façon, et pour un jeu qui a déjà deux ans, on reste scotché. Les environnement de jeu sont richement détaillés. On peux observer assez souvent les objets qui nous entourent, et interagir avec eux : portes, miroirs, voitures.

Cette impression de réalisme est renforcée par des doublages et bruitages d’une qualité honorable. Les voix de chaque protagoniste (du moins en anglais) collent parfaitement à leur tempérament. On peux même écouter leurs pensées pour mieux cerner leur état d’esprit ou savoir ce que l’on dois faire ensuite. La pluie battante, et le reste de l’environnement sont biens retranscrits et ne font jamais défaut à l’action. D’autant que les musiques composées par Normand Corbeil sont magnifiques, avec des thèmes récurrents qui soulignent bien l’action. Tantôt calmes quand vous enquêtez, elles deviennent nerveuses lors de courses poursuites, sans tomber dans le hors sujet les unes par rapport aux autres.

Une des épreuves d’Ethan Mars pour retrouver son fils.

La particularité du jeu, comme je l’ai dis plus haut réside dans son utilisation des QTE. Pour effectuer certaines actions, il faudra appuyer sur les combinaisons de touches affichées à l’écran. Enjamber une barrière, ouvrir une porte, et toute autre mouvement, vous demandera une séquence précise ou un mouvement au joystick. Bien pensé et censé reproduire les mouvements, mais de suite bien plus calme qu’un Uncharted (par exemples). Mais attention, car les actions importantes ont aussi leur conséquences. Le jeu ayant plusieurs fins, vos actions on une influence sur le déroulement de l’histoire. Sauver Shaun peux s’avérer impossible et les personnages principaux peuvent aussi mourir ! On a donc un gameplay certes avant-gardiste (tout QTE) mais une narration non linéaire qui peux relancer l’intérêt une fois l’aventure finie.

Bien que la progression soit lente, mais ponctuées de phases d’action, je me suis laissé prendre facilement à cette histoire où se croise quatre destins. Le jeu accuse par contre quelques défauts. Les déplacements de personnages sont catastrophiques dans certains environnements. L’animation est bonne, mais les contrôles vous donnent l’impression de piloter un tanker rouillé à la dérive dans le triangle des Bermudes. Heureusement que cela arrive assez peu. Enfin il me reste quelques points de scénario que je n’ai pas pu éclairer, est-ce que mes actions m’ont fait rater une révélation ou bien ais-je été inattentif ? Je ne saurais le dire.

Je jeu a aussi eu droit à un DLC (inclus avec Heavy Rain Move Edition), The Taxidermist. Ce contenu relate une enquête de Madison Paige avant les évènements du jeu, déjà sur les traces du tueur aux origamis. Intéressant, il est très court (trente minutes) mais avec cinq fins. C’est léger, d’autant que quatre DLC étaient prévus, un par personnages. L’idée semble être passée à la trappe.

Au final, Heavy Rain est une bonne surprise, pour peu que l’on ne s’attende pas à un jeu « classique ». Les aficionados de Call of Duty probablement déçus, et c’est normal : pas d’explosions à outrance. On a par contre, peux ceux qui veulent s’y essayer, un contenu mature, réfléchi, et très bien servi. Une expérience vidéoludique intéressante, à faire en connaissance de cause, d’une dizaine d’heures pour votre premier passage. Si vous le trouvez d’occasion, laissez vous tenter par votre curiosité !

Author: keitaro

Joueur de jeux vidéos en tout genre, et sur toute plateforme, fan d'animé, et de manga, j'essaie de partager mes découvertes et coups de coeur sur BakaGamer. Toujours en retard sur les sorties du moment, évidement.