Votez El Presidente, ou sinon… – Tropico 3
Il y a des jours où l’on aimerais être dictateur, faire ce que l’on veux sans risquer des représailles de l’ONU, et passer pour un perfide manipulateur aux yeux du monde. C’est impossible. Heureusement, il y a une série de jeu qui a osé ce pari: Tropico ! Et voici le test du troisième volet de ce simulateur de dictature !
Petit retour en arrière : Tropico, est un jeu de gestion sorti sur PC en 2001 et développé par PopTop Software. Vous êtes El Presidente (avec l’accent cubain s’il vous plais) et dirigez une île perdue on ne sais où. Votre but est de faire fructifier cette île, et ce par tout les moyens, même les plus immoraux. Corruption, import export, mais avec éventuellement un petit prélèvement sur les tarif pour votre retraite, et tout ce genre de choses. Le jeu a eu un bon retour des joueurs, et eu droit à une extension, Tropico Paradise Island, centrée sur le tourisme. Une suite vu également le jour, mais plus anecdotique : Tropico 2 Pirate Cove (sorti en 2003), vous mettant aux commandes d’une île, en tant que roi des pirates, dans les années 1600.
Depuis, plus rien, car PopTop Software a coulé (sûrement près d’une île dirigée par un dictateur). La licence a été récupérée par Haemimont Games et Kalypso Media, pour finalement nous sortir en 2010 Tropico 3 ! Le jeu reste fidèle au premier volet. Votre but sera lors d’une succession de scénario de faire fructifier votre île paradisiaque tout en suivant des objectifs imposés. Autant le dire tout de suite, c’est un jeu de gestion pure et dure qui se place en concurrent des SimCity.
Chaque île vous met donc face à une situation donnée : rester trente ans au pouvoir, exporter une certaine quantité de cigares avant la fin une année donnée… Des situations très variées qui changent radicalement la façon d’aborder la partie. Le tout dans les années 60’s à 90’s, avec une légère ambiance de guerre froide. Par exemple, recevoir des aides des USA pour couvrir le déficit de votre île fera baisser l’estime que vous porte le parti Communiste. Ou bien forcer un peu trop sur l’export du bois, et déboiser comme un cochon votre île, vous attirera les foudre des écologistes (mais ils sont trop peu et on s’en fiche :p ). Chaque décision que vous prendrez dans le jeu, chaque construction, aura une influence sur les parti politiques de l’île : les écologistes, les communistes, capitalistes, religieux, nationalistes, intellectuels… Et mettre tout le monde d’accord est compliqué, voir impossible. Il faudra forcément faire des choix. Surtout lorsqu’il faudra organiser des élections. Vous pouvez ne pas en faire, mais cela va attirer l’attention sur votre île, et pas que dans le bon sens… Et puis si vous voyez que les sondages sont défavorables, truquez les élections ! 😀 Ce jeu vous permet tout, et surtout ce qui est immoral, vil et bas. Par exemple, lorsque la rébellion gronde, vous pouvez éventuellement créer les services secrets, pour effectuer des écoutes téléphoniques, trouvez les rebelles, et les faire disparaître dans un accident ! D’autres choses plus gentilles sont quand même possibles, avec des décrets : retraites, éducation pour tous… mais si la mégalomanie vous prend, pourquoi ne pas faire imprimer une monnaie à votre effigie ?
Outre les aspects dictatoriaux, le jeu est un city builder bien conçu. On peux construire des écoles, bases militaires, usines de cigares et conserves, cliniques, habitations, pubs, centrales électriques, et tout ce qu’il faut pour donner des conditions de vie décentes à votre peuple. Car il ne faut pas oublier que si vous les laissez trop livrés à eux mêmes, même les militaires vont tenter un coup d’état. A vous de trouver le juste milieux dans votre façon de diriger. Il est à noter que l’on peux aussi choisir son dictateur avant une partie, et que de vrais dictateurs sont disponibles, comme Fidel Castro, Augusto Pinochet et Che Guevara (véridique). Vous pourrez même créer votre propre dictateur avec un éditeur de personnage. Ou comment customiser votre dictateur jusqu’au bout du cigare !
Graphiquement, le jeu est magnifique. Très détaillé, quelque soit le niveau de zoom, avec un cycle jour/nuit très convainquant, mais parfois un peu trop d’effet HDR. Tout les habitants sont présents sur la carte, et vous pouvez les suivre tout au long de la journée. Enfin, point le plus travaillé du jeu, le son ! Certes les bruitages sont bons, mais ce qui fais la différence, c’est la radio ! Vous jouerez en continu sur de la musique cubaine, super entraînante et immersive. Le tout entrecoupé de passages radio de Juanito, king de la propagande, ou Betty Boom (avec l’addon Absolute Power), qui fais partie des rebelles et critique vos choix sur une radio pirate. La version française des doublages est vraiment réussie et renforce l’immersion. Le tout avec un humour noir assez prononcé. 😛
Tropico 3, et son addon Absolute Power, est un jeu de gestion absolument prenant, qui vous fera passer des nuits blanches au rythme des musiques cubaines. Avec des aspects très poussés sur la gestion, jusqu’aux différents salaires et conditions de travail des habitants, il est extrêmement complet. Il a pour moi détrôné la série des SimCity dans mon top des jeux de gestion. Et avec Tropico 4 annoncé pour la fin d’année (en théorie), ce n’est pas prêt de changer !